Les « playing tips for abalone » de Wayne Schmittberger

Les « playing tips for abalone » (conseils pour jouer à abalone) de Wayne Schmittberger sont disponibles (en anglais) aux adresses suivantes :

http://entertainment.howstuffworks.com/leisure/brain-games/abalone2.htm

http://www.gamerz.net/pbmserv/abalone.html#tips

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« Qui trop embrasse mal étreint. »

05/10/2014

« Qui trop embrasse mal étreint. »

(Proverbe)

Qui trop embrasse mal étreint W

Noir a beau mener 3-0 et avoir isolé de quoi terminer la partie, sa position n’est guère avantageuse : il s’est montré trop gourmand, et cette petite affaire risque fort de se terminer par une victoire de Blanc à l’arrachée (5-6).

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Retrouvez toutes les citations dans le Dictionnaire de citations.

Les dix commandements du joueur débutant

Voici un article provenant d’un ancien blog (aceboard) que j’avais lu avec beaucoup d’intérêt à l’époque où j’étais moi-même débutant (2010), et dont je m’étais fait une copie. J’ignore s’il est encore disponible sur le net (probablement pas), son auteur (Foxaphosphor) m’est inconnu, mais voici le texte sous la forme où je l’avais conservé.

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INTRODUCTION

Les joueurs débutants sont bien souvent à la recherche de « trucs » leur permettant d’améliorer la qualité de leur jeu. Ils ont l’impression d’être battus très facilement, ce qui est parfois décourageant, et parce qu’ils savent qu’ils ne sont pas stupides, ils ont souvent le sentiment que l’adversaire connaît des « trucs », des bottes secrètes réservées aux seuls initiés, et qui permettent de l’emporter.

Or il n’y a pas de « trucs ». Ces quelques conseils que je donne ne sont pas des « trucs » qui permettront de gagner facilement. Ils ne sont qu’une manière, si on les suit, d’améliorer rapidement son jeu pour le rendre plus intéressant, du moins je l’espère. Ils ne feront de personne un champion.

Ces quelques conseils feront sans doute sourire les joueurs expérimentés. Les uns parce qu’ils paraissent évidents, les autres parce qu’ils ne sont plus forcément valables lorsqu’on atteint un certain niveau de jeu, une certaine habileté, un certain savoir-faire. Ces conseils valent ce qu’ils valent, et méritent bien sûr d’être nuancés : à chacun d’en faire l’usage qu’il entend.

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1) Prenez le centre

Le joueur qui commence, c’est à dire Noir, parviendra toujours à prendre le centre (c’est à dire le point central du jeu). Blanc aura pour tâche d’essayer de conquérir le centre, et au minimum devra s’efforcer d’opposer trois billes à Noir sur la ligne centrale. Pourquoi prendre le centre ?

Je ne vais pas développer ici l’intérêt tactique du centre, je me contenterai de ces deux constatations :

– le joueur qui détient le centre pourra plus facilement faire passer ses billes d’une partie à l’autre du plateau, tout en évitant la zone dangereuse que constituent les bords. – le joueur qui détient le centre pourra exercer une pression centrifuge sur les billes adverses (du centre vers les bords).

Prendre le centre ne se limite toutefois pas à conquérir le point central : il s’agit aussi d’occuper le terrain, de se positionner au mieux dans un « centre élargi » constitué par la zone centrale du plateau.

Pour ce faire, il est important, au début du jeu, de progresser rapidement sur le plateau, afin de conquérir un maximum d’espace. En jeu standard, les premiers déplacements se feront donc toujours vers l’avant, par groupe de trois billes.

Mais là, c’est à toute une théorie de l’ouverture que nous abordons, et ce n’est pas ici l’endroit pour la développer.

2) Restez groupé : formez bloc

Une fois la question de la conquête du centre réglée, les deux joueurs vont se retrouver face à face, bloc contre bloc.

Rien de plus stable, de plus solide, de plus rassurant pour le débutant qu’un bloc compact. L’adversaire va tâcher de le percer en son centre, de le scinder en deux ou plusieurs groupes : c’est le principe « diviser pour régner ». S’il parvient à faire cela tout en maintenant ses propres billes soudées, il prend une bonne option sur la victoire.

Ici, l’on voit l’importance des rangées de trois billes. Une rangée de trois billes ne peut être repoussée. Il faut la briser par le côté pour en venir à bout. Plusieurs rangées de trois accolées forment donc un bloc solide.

Il est important, pour ne pas laisser percer son bloc, de surveiller ses arrières, et de ne pas les dégarnir, car l’adversaire s’engouffrera dans la première brèche qui lui sera ouverte.

Je suis conscient que ces deux premiers commandements peuvent amener à jouer un jeu très défensif, mais je pense que le jeu défensif est une phase normale, voire incontournable dans l’évolution du style d’un joueur.

3) Avancez toujours

« Qui n’avance pas, recule » prétend un dicton.

Cela paraît une évidence, il est pourtant utile de la rappeler. Je vois en effet trop souvent des joueurs qui reculent pour se regrouper, tenter de reformer un bloc. C’est parfois nécessaire, mais pas souvent, surtout pas en début de partie.

Dites-vous bien qu’un mouvement de recul est très souvent un mouvement perdu, l’adversaire se charge de vous faire reculer, inutile de l’aider dans cette tâche !! Gardez vos mouvements pour des coups plus constructifs ou plus offensifs.

Bien entendu, tout est question de situation, le recul peut devenir très intéressant lorsqu’il permet de pousser l’adversaire et de briser ses lignes. Mais le mot d’ordre général reste celui-ci : en avant !

Plutôt que de reculer, si l’avancée n’est pas possible, il reste toujours le déplacement sur le côté.

4) Exercez sans cesse le maximum de pression sur les billes de l’adversaire

Pourquoi est-il important d’exercer une pression constante sur l’adversaire ? Je citerai deux raisons essentielles :

– la pression que subit l’adversaire l’empêche d’agir à sa guise : plutôt que de mettre en œuvre sa propre stratégie, il va devoir parer vos coups et sera gêné pour préparer les siens – c’est par la pression exercée à l’endroit adéquat qu’on arrivera à diviser les troupes de l’adversaire

Où exercer cette pression ?

– sur le centre, pour essayer de scinder les troupes adverses, mais en général c’est aussi le point ou la contre-pression exercée par l’adversaire est la plus forte.

– du centre vers l’extérieur, quand on a réussi à occuper le centre, pour pousser l’adversaire vers le bord et l’éjecter

– sur les bords du groupe adverse, là où la résistance est moins forte.

Cette notion est très importante : celui qui parvient à exercer sa pression en un maximum de points a de fortes chances de l’emporter. Un joueur débutant a parfois l’impression que l’adversaire a plus de billes que lui, en raison de la capacité de l’adversaire, plus expérimenté, à exercer sa pression.

5) Coupez les lignes de l’adversaire

Encore une fois, le conseil peut paraître quelque peu élémentaire, pourtant, il touche au principe même du jeu : la supériorité numérique qui permet de l’emporter.

Puisque la supériorité numérique des billes placées sur une même ligne permet d’exercer une poussée sur les billes adversaires (3 contre 2, 3 contre 1, 2 contre 1), il est évident que l’une de vos tâches sera de couper les lignes adverses qui vous menacent.

Bien souvent, le premier réflexe du joueur inexpérimenté, lorsqu’il se trouve en situation d’infériorité numérique, est de chercher à placer une bille permettant de rétablir l’équilibre numérique.

Or il est souvent possible et plus efficace de couper les lignes de l’adversaire, cassant ainsi son attaque. Ces lignes menaçantes de trois billes, je les ai appelées des lances. Il importe toujours, quand c’est possible, de rompre les lances de l’adversaire, brisant ainsi l’arme dont il se sert pour nous attaquer. En un mot : contre-attaquer.

Le principe de  « rompre les lances » trouvera notamment son utilité en milieu et en fin de jeu, lorsque les positions respectives paraissent « déstructurées ».

6) Sachez choisir entre la position et le point

En cours de partie, on se retrouvera souvent face à un dilemme : éjecter une bille adverse qui se trouve à notre portée, mais en contrepartie abandonner une position qui nous semble forte. L’éjection nous éloigne toujours du centre – zone de sécurité – pour nous rapprocher du bord – zone dangereuse. De plus, le déplacement qui nous permet d’éjecter peut compromettre la stabilité de notre groupe, et entraîner l’enfoncement de nos lignes, par exemple.

Le meilleur coup à jouer n’est pas forcément la prise de la bille adverse : il vaut parfois mieux sauvegarder sa position, ou l’améliorer.

J’ai souvent constaté que le fait d’améliorer sa position en renforçant la pression sur l’adversaire (plutôt que d’éjecter) mettait l’adversaire à son tour devant un choix difficile : soit il sauvegarde sa propre position, et dans ce cas la prise de la bille reste souvent possible, soit il sauve sa bille et court le risque de perdre sa position.

A contrario, il peut être intéressant de sacrifier une bille si la prise de cette bille par l’adversaire implique que celui-ci compromette sa position.

7) N’hésitez pas à éjecter quand c’est possible

Ce principe abalonien m’a été transmis en ces termes par un joueur de caractère pourtant très pacifique : « Quand tu peux tuer, tue ! »

Ce conseil peut paraître en parfaite contradiction avec le précédent, mais cette contradiction n’est qu’apparente. Je ne développerai pas ici pourquoi cette contradiction n’est qu’apparente, et je me contenterai d’affirmer que cela est lié à la phase du jeu dans laquelle on se trouve (début, milieu, fin),  à la position des billes sur le plateau, et au savoir-faire des joueurs.

Pourquoi ce conseil ? Les raisons sont simples, voire simplistes :

– pour gagner, il faut pousser les billes de l’adversaire hors du plateau, une à une. Chaque bille éjectée nous rapproche de la victoire. Comme le faisait remarquer un excellent joueur, 2 billes cela paraît peu de choses, mais c’est déjà un tiers du travail à accomplir. N’oubliez jamais qu’il n’y a que 6 billes à éjecter pour gagner !

– entre joueurs de force égale, la partie se jouera souvent à une bille près : éjecter une bille le premier, c’est toujours un avantage.  Lorsque le score est à 5/5, le premier qui éjecte une bille adverse a gagné, peu importe de savoir si un coup de plus permettrait de rétablir l’équilibre – éliminer une bille, c’est presque toujours se donner un ascendant psychologique sur l’adversaire : il ne faut jamais négliger l’aspect psychologique de ce jeu.

Notons quand même deux exceptions de taille à ce commandement :

– une bille adverse isolée derrière nos lignes ne doit pas forcément être éliminée : bien souvent, elle offre un point d’appui très intéressant et renforce notre propre groupe

– une bille adverse peut nous être offerte comme cadeau empoisonné, appât qui nous fera tomber dans un piège (notamment en nous faisant perdre une bonne position)

8) Osez attaquer

« Memento audare semper – Souviens-toi d’oser toujours », tel est le conseil que me donnait une excellente joueuse, qui trouvait mon jeu trop timoré et me battait à plates coutures. Conseil qu’une autre joueuse formulait ainsi : « Fonce ! »

Dites-vous bien qu’on ne peut pas gagner sans attaquer.

Certes, on peut jouer la défense à outrance, et ne faire rien d’autre que préserver son bloc contre les attaques de l’adversaire : c’est de l’anti-jeu ; c’est sans fin, ennuyeux, et personne n’y prendra plaisir.

On peut aussi pratiquer un jeu très prudent, défensif, assorti de tentatives d’attaque lorsqu’une occasion semble se présenter. Mais ce n’est guère productif face à un adversaire expérimenté. Il faut pourtant le dire, c’est un style de jeu par lequel passent la plupart des joueurs à un moment donné.

Il faut dire aussi que la peur (peur de perdre ?) bien souvent paralyse certains joueurs. Alors osez ! Laissez au vestiaire cette peur qui, au lieu de vous faire foncer en avant, vous inspirera souvent de désastreuses manœuvres de retraite face aux attaques de l’adversaire.

Dans ce jeu plus que dans aucun autre, l’attaque est la meilleure défense. Il faut jouer de manière agressive, et ne pas laisser l’adversaire construire son jeu. L’attaque déstabilise l’adversaire et le contraint à adapter son jeu au vôtre, voire même éveille sa peur. N’oubliez pas la dimension psychologique de ce jeu, après tout, votre adversaire n’est qu’une personne comme vous, avec ses doutes et ses craintes.

Certes l’attaque est un moment dangereux pour celui qui la mène : elle le rapproche du bord, et peut l’amener à fragiliser sa propre notre position. Mais sans attaque, pas de victoire !

Et après tout, si vous perdez, qu’importe ?

9) Acceptez de perdre

Perdre n’est pas toujours agréable, lorsque l’on aime jouer, mais la notion même de jeu est intimement liée à la possibilité de perdre. Un joueur qui ne perd jamais, ou presque jamais, joue-t-il encore ?  S’il sait d’avance, en ouvrant la partie, qu’il va l’emporter, est-il encore en train de jouer ?

Ma réponse est non. On peut dire qu’il s’amuse, comme le chat s’amuse avec la souris. Ou bien, plus positivement, on peut considérer qu’il s’exerce. Dans ce cas, il va peut-être se mettre lui-même dans des situations de risque, pour compenser l’ennui que lui procure un jeu gagné d’avance, pour essayer de se donner le frisson qui est le plaisir du jeu ; éventuellement pour chercher de nouvelles solutions à des problèmes inédits. Mais là, il n’est déjà plus vraiment dans le jeu, il est dans la recherche sur le jeu.

La possibilité de perdre est autant source de plaisir du jeu que la possibilité de gagner. Ces deux notions sont intimement liées dans le plaisir de jouer.

Alors ne craignez pas de perdre, on apprend beaucoup en perdant. D’abord parce que l’on apprend à bien jouer en jouant contre des joueurs plus forts que soi-même (une trop grande différence de niveau peut parfois être décourageante, il vaut mieux jouer avec des joueurs légèrement plus fort que soi). Ensuite parce que l’on apprend toujours quelques chose de ses propres erreurs.

Perdre n’est rien, mais n’abandonnez pas ! Sachez que ce jeu peut se retourner rapidement, sur une erreur de l’adversaire, alors n’abandonnez jamais !

10) Un dernier commandement, peut-être le plus important :

jouez avec plaisir, et sans contrainte !

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RECAPITULATIF :

Les dix commandements du joueur débutant

1) le centre tu prendras

2) groupé tu resteras

3) sans cesse tu avanceras

4) une pression continuelle tu exerceras

5) les lignes adverses tu rompras

6) ta position observeras

7) sans pitié tu éjecteras

8) toujours tu oseras

9) la défaite tu accepteras

10) du plaisir tu trouveras

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CONCLUSION :

Je suis parfaitement conscient du fait que certains des conseils que je viens de donner peuvent paraître contradictoires (rester groupé et attaquer, par exemple). En effet, comme je l’ai dit plus haut, tout dépend de la phase de jeu dans laquelle on se trouve, de la position des billes, du savoir-faire des joueurs. Je crois à la pertinence de ces conseils, si l’on arrive à les appliquer au bon moment, dans la bonne situation.

Je suis en effet convaincu que la maîtrise du jeu passe en grande partie par la mémorisation de situations-modèles, la reconnaissance de ces situations au cours de la partie, le rappel des solutions qu’il est possible d’apporter, sans oublier la capacité d’anticipation.

Ces qualités ne sont pas innées, elles s’exercent. Il faut jouer souvent, pour apprendre à voir ce qui se passe sur le plateau, pour acquérir les bons réflexes. C’est à la portée de tous, même si tout le monde ne deviendra pas champion. Bon jeu !!

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REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier pour leurs judicieux conseils un certains nombre de joueurs que j’ai eu le plaisir de fréquenter autour du plateau d’abalone : Episteme, Drekkif, Lilou, Who, Koh, Gaz-Gaz, Johy, Chriscool.

Je veux remercier aussi ceux qui, régulièrement, acceptent pour mon plus grand plaisir de jouer avec moi et me permettent de vérifier la pertinence (où l’inanité) de mes réflexions : Isa, SylvieD, Airisson, Chrisssss, Sternchen, Dingo, Virusman et encore Gaz-Gaz… et je demande pardon à tous ceux que j’oublie.

Merci à tous ceux qui m’ont battu ou que j’ai battus sur un plateau d’abalone, à tous ceux qui font de ce jeu des instants de plaisir.

Last edited by Foxaphosphor on 2006-02-06, 09:37:34

Jouer sur MiGs : les prérequis

Pour jouer à abalone sur MiGs, il faut :

– du temps

– avoir envie de jouer

– un cerveau

– être doté de la vue (un seul œil suffit mais deux yeux offrent un meilleur confort de jeu)

– savoir au moins un peu lire

– savoir compter jusqu’à 6

– une main munie au moins d’un ou deux doigts, ou tout autre appareillage de substitution

– un PC ou équivalent, avec clavier, écran, et pavé tactile ou souris

– une connexion Internet, de préférence d’une qualité suffisante pour pouvoir mener la partie en cours à son terme sans subir de déconnexion avant la fin.

– Adobe Flash Player

– l’adresse internet du site (pour mémoire, l’adresse actuelle est : http://moggames.net/production40/flex/flex_bin/MIGS401.aspx)*

– un pseudonyme et un mot de passe

– trouver un partenaire sur le site

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* à la date du 11 mai 2017, l’adresse est : http://moggames.net/MiGs/

Les modes de diffusion d’un jeu

Abalone fait partie des jeux à information parfaite, ou encore jeux de réflexion pure, ainsi nommés car ils ne laissent aucune place au hasard (contrairement par exemple aux jeux ou interviennent l’aléa des dés ou le tirage des cartes).

Ces jeux sont réputés difficiles (et le sont effectivement, à un haut niveau), voire austères dans la simplicité de leur matériel, et de ce fait ont du mal à se faire une place face à la concurrence de la facilité, de la nouveauté, de la médiatisation d’autres jeux.

Comment faire dans ce cas pour leur donner un peu d’audience, s’ils ne sont pas déjà solidement implantés dans une tradition, avec des structures faisant de longue date partie du paysage culturel ?

Selon Pascal Reysset, il existe quatre circuits de diffusion :

– le circuit familial ou local

– le circuit commercial

– le circuit  initiatique

– le circuit pédagogique

En oubliant le deuxième (lol), cette petite classification donnera peut-être quelques idées à ceux qui ont envie d’amener à ce jeu de nouveaux adeptes.

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